Courrier envoyé hier, 21 juin
2012, même si c'est une goutte d'eau dans l'océan...
Monsieur le Président de la
République,
Comme bon nombre
d’Auto-entrepreneurs, je prends la plume aujourd’hui pour vous faire part de
l’extrême angoisse qui nous anime et vous apporter ma réaction face aux propos
de Sylvia PINEL, Ministre de l’artisanat et du commerce.
Je me permets de qualifier son
projet de réforme comme étant une réforme suicidaire économiquement,
socialement mais également humainement à l’encontre du statut
d’auto-entrepreneur donc à l’encontre de toutes les personnes qui y sont
rattachées.
Mme PINEL accuse ce statut
d’avoir pour effet de faire de la concurrence déloyale envers les artisans. Ce
qui est pour le moins incompréhensible, inacceptable et injuste puisque, vous
n’êtes pas sans savoir, qu’une étude réalisée par des experts-comptables n’a
constaté aucune concurrence déloyale. Ce qui reviendrait à dire que votre
Ministre, Mme PINEL, jugerait ces experts-comptables incompétents dans leur domaine.
Le statut d’auto-entrepreneur est
depuis sa création très largement plébiscité au sein de la communauté de notre
belle patrie et ce pas uniquement par les auto-entrepreneurs eux-mêmes. Son
extraordinaire succès prouve qu’il a permis une liberté d’entreprendre à
moindre risques pour un nombre indéniable de travailleurs français et qu’il est
une manne d’oxygène incontestable.
Beaucoup ont fait le choix de
l’auto-entreprenariat afin de créer leur propre emploi et pour ne pas vivre aux
frais de l’état, entendons par là « Pôle emploi », chômage, aides sociales,
etc.
Beaucoup d’autres l’ont choisi
pour parvenir à un complément de revenus parce que leur situation
professionnelle précaire ne leur assurait pas un salaire suffisant pour assumer
les lourdes charges personnelles que sont celles d’aujourd’hui. La crise est
bien présente, je vous l’assure ! Faut-il être au sommet de l’état pour ne pas
s’en apercevoir ?
Pourriez-vous vivre avec moins de
mille euros mensuel ? L’accepteriez-vous ? N’enlevons pas le pain de la bouche
à ceux qui suent corps et âme pour s’en sortir par leur travail et leur
courage, tandis que d’autres préfèrent se complaire dans un rôle d’assistés
égoïstes, encaissant sans rien faire et surtout sans aucune culpabilité : aides
financières, allocations familiales, aides sociales en tout genre et tant
d’autres. Laissons les travailleurs travailler, ils ont ce courage, ne leur
enlevez pas cette dignité. Laissons les travailleurs travailler puisque nous
laissons les profiteurs profiter !
Sous cette présidence, il y a
bien d’autres combats à mener, plus graves et plus importants, celui
précédemment cité par exemple, plutôt que de mettre à genou les gens de bon
exemple. Les combats ne manquent pas, tout comme ces vraies concurrences déloyales
que sont certaines exportations étrangères massives qui tuent nos fabrications
françaises, nos emplois, notre productivité nationale.
Je peux comprendre, sans pour
autant le cautionner ni l’accepter, qu’un gouvernement de gauche veuille
effacer les traces d’un gouvernement de droite. Cependant, ce que je ne peux
comprendre et encore moins admettre, même après maintes réflexions, c’est que
ce soit au détriment du peuple qui vous a élu ! La voix du peuple compte-t-elle
si peu ?
Il vous faut garder à l’esprit
que cette mesure mettrait indubitablement en péril quelqu’un million
d’entreprises, alors qu’elles participent activement à la dynamique économique
et sociale de notre pays. Est-ce véritablement acceptable, Mr le Président ?
Car effectivement, une telle remise en cause ainsi qu’une réforme meurtrière de
ce statut tel que le conçoit Mme PINEL aurait pour effet un retour massif de
ces entrepreneurs à la porte du Pôle emploi sans aucun droit d’indemnités. Ce
qui aurait pour autre effet de provoquer de graves situations de précarité.
N’y a-t-il pas assez de misère
dans notre pays qu’il faille en provoquer d’autres à cause de réformes
totalement irréfléchies ou inadaptées ? N’y a-t-il pas suffisamment de
sans-abri qu’il faille en jeter d’autres à la rue ? Car ne nous leurrons pas,
Mr le Président, suite à une telle réforme suicidaire et destructrice de ce
statut, bon nombre d’auto-entrepreneurs ne pourront pas se permettre de
basculer sur un autre statut, donc sans travail du jour au lendemain, sans
indemnités puisqu’ils n’y ont pas droit et sans aides, ils se retrouveront
endettés à plusieurs niveaux y compris celui du logement.
Alors, oui, Mr le Président, les
auto-entrepreneurs, et pas qu’eux, sont révoltés et pour reprendre une formule
lue sur le Net ; "Ils sont remontés comme des coucous suisse face à ce
projet de réforme-génocide économique, social et humain".
Si le statut d’auto-entrepreneur
venait à être limité dans le temps, là aussi, une immense majorité ne pourrait
pas basculer sur un autre et être de ce fait écrasée par les charges diverses.
Beaucoup seront poussés à un retour au travail illégal et/ou dissimulé.
La France peut-elle se le
permettre ? A-t-elle une situation économique suffisante pour endosser une
telle vague, une telle responsabilité, une telle réputation également ?
Proposons plutôt aux artisans un
allègement de leurs charges, une simplification du poids administratif qui les
brident. Pourquoi déshabiller "Paul" pour ne même pas habiller
"Jacques" ? Alors qu’il serait plus simple de rééquilibrer les choses
en faisant un minimum de victimes, si ce n’est aucune.
Ne laissez pas votre Ministre
provoquer une mise à mort du travail légal par simple fait d’accusations
infondées. N’oublions pas, Mr le Président, que les auto-entrepreneurs ne
récupèrent pas la TVA à contrario des artisans. Que les auto-entrepreneurs sont
plafonnés en termes de chiffre d’affaire annuel, pas les artisans. Que les
auto-entrepreneurs ne peuvent déduire leurs dépenses de fonctionnement
contrairement aux artisans. Et j’en passe dans la liste des différences dont
les artisans ne voudraient pas voir appliquer à leur cas, pourtant ces
auto-entrepreneurs ne se plaignent pas car ce statut leur convient.
C’est pour quoi, Mr le Président,
j’en appel à votre raisonnement et votre bon sens en espérant, comme bon nombre
de mes confrères et consœurs, que vous puissiez prendre une profonde réflexion
sur le sujet qui est sur le point d’aboutir à une situation dramatique pour le
peuple et qui aurait inévitablement des répercussions sur votre gouvernance,
votre gouvernement, et vous-même.
Cette prise de réflexion pourrait
vous amener à réaliser l’ampleur de l’erreur que s’apprête à commettre Mme
PINEL. Et vous éviterait par la même que le peuple qui vous a élu ne vous
rejette si promptement après votre élection.
La paix sociale ne peut être que
votre alliée. Les travailleurs appellent "au secours", entendez-les !
Dans l'espoir que ce courrier ne
demeure pas lettre morte, veuillez accepter, Mr le Président de la République,
mes plus sincères salutations.
Marie LEMOINE
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