Je vieillis, tu vieillis, il/elle vieillit, nous
vieillissons, vous vieillissez, ils/elles vieillissent…
Ce petit verbe qui n'est plus notre ami au fil des
années passant.
Plus le temps court, plus nous cherchons à nous
éloigner de sa simple prononciation et malgré cela plus il prend de la place de
manière insidieuse, ne serait-ce que physiquement.
Oh bien sûr, cela n'est pas le cas lorsqu'on a
trente ans, ni même trente-cinq… mais après c'est une autre histoire !
Prenez une photographie de vous d'il y a… disons…
vingt ans (on ne va pas aller trop loin, hein !). Puis, placez-vous devant un
miroir. Mettez la photo face à vous, près de votre reflet. Que voyez-vous ?
A cet instant, le petit verbe qui habituellement
paraît insignifiant, prend ici tout l'espace entre vous et ces deux images de
vingt ans d'écart.
Quand bien même nous ne nous sentons pas vieux, notre
entourage, lui, ne se gêne pas pour nous rappeler les années qui
s'additionnent. Quand je dis l'entourage, ce n'est pas uniquement familial ou
amical, mais également toute personne côtoyée, croisée, rencontrée…
Il y a eu aussi, un jour, un ancien collègue qui me
dit : "Il faudra que tu penses bientôt à te teindre les cheveux, tu
commences à avoir des cheveux blancs ! On avance en âge, mine de rien", je
n'ai pas manqué de lui rétorquer qu'il y a des jeunes de trente piges, voire
moins, qui sont couverts de cheveux blancs, pourtant ils sont loin d'être vieux
!
Alors oui, j'ai quelques cheveux blancs ! Je n'ai
jamais rien fait à mes cheveux, aucune maltraitance. Ils sont au naturel et
quand bien même deviendrais-je blanche comme la neige, les teindrais-je un jour
? Peut-être ou… peut-être pas !
C'est comme ce "jeune" responsable du
personnel, alors que je postulais pour un job qui me dit sans coup férir (je
vous résume) :
- "Votre CV convient parfaitement (j'adore ce
"parfaitement"), vous avez de grandes qualités…"
Pause ? Et là, je sens ou du moins je comprends
qu'il y a un "mais" plein d'importance et même irréversible.
Et ce "jeune" responsable de continuer :
- "Mais" (ah, le voilà ! Je l'savais !),
nous recherchons du personnel sur du long terme… donc un peu plus jeune."
Voiiilà, c'est là ! Cependant, je ne le mets pas
dans ma poche avec mon mouchoir par-dessus cette fois-ci ! Avec toute la
diplomatie et la correction dont je suis capable, je réponds :
- "Si je comprends bien, vous êtes en train de me dire que je suis trop vieille ?"
- "Euh… non, non…", ne sachant que dire de
plus pour se sortir de cette bourde, sa phrase reste suspendue dans
l'atmosphère tendue.
- "Mais cher Monsieur, je n'ai que 45 ans.
J'estime avoir encore au moins vingt ans de travail devant moi. Alors, si vous estimez que vingt ans ce n'est pas du long terme, je ne comprends pas ! Nous
ne devons pas avoir la même notion du temps !"
Puis, comme je n'avais rien à perdre, j'ai ajouté
avant de mettre un terme à cet entretien qui tenait plus du canular qu'autre
chose :
- "Mais dites-moi, êtes-vous certain que votre
petite entreprise, elle, sera toujours debout dans vingt ans ?"
Le Monsieur, penaud, a bien tenté de bafouiller
quelque chose, mais ce ne fut qu'une tentative avortée car rien ne sortait de
sa bouche.
J'ai ramassé mes documents, lui ai gentiment pris
mon CV qu'il tenait encore dans ses mains et avant de partir, je lui ai simplement
dit :
- "D'ici une dizaine d'année, je pense que
vous aurez une autre façon de raisonner ! Au revoir Monsieur !"
Et pour cause, il ne devait pas avoir plus de
trente-cinq ans. Je venais de prendre une "claque" magistrale, un
coup de vieux sans commune mesure lors de ce rendez-vous. Pourtant, on me donne
souvent moins que mon âge réel. Aurais-je dû masquer mon âge sur mon CV ?
Vieillir |
Je préfère quand ce "rappel sort de la
bouche" des enfants, c'est tellement innocent, et même presque charmant
qu'on ne peut pas leur en vouloir, comme par exemple :
- Quand vous parlez de Candy à votre
"pré-ado" qui ne regarde que les dessins animés modernes et violents
et qu’il vous demande « qui c’est ça ? »
- Quand vous écoutez les chansons qui ont fait votre
adolescence et que votre gamin vous dit "oh c'est ringard ce truc".
- Quand votre gentil minot pour vous poser une
question, commence sa phrase par "dis, quand t'étais jeune…"
A quarante-cinq ans, j'espère n'être qu'à la moitié
de ma vie, tout en me disant que ce ne sera probablement pas suffisant pour
réaliser tout ce que je souhaite accomplir parce que j'ai toujours de nouvelles
idées, de nouveaux projets, de nouveaux défis…
J'aime la vie et je m'y complais malgré les coups
tordus qu'elle s'amuse à mettre sur mon chemin ou encore les blessures qu'elle
se targue à m'infliger comme une sale môme.
J'aime la vie et malgré les années qui s'accumulent,
je me sens jeune encore et cette jeunesse on ne me la volera pas. Elle est là,
à l'intérieur, sa flamme est vive.
Alors, ce petit verbe n'est certes pas mon ami (pas
plus qu'à vous, je présume), néanmoins, il n'est pas non plus mon ennemi !
Vieillir est l'évolution de l'être,
l'accomplissement de la maturité, le propre de la vie. Cela dit, je ne regarde
pas ce que j'ai été dans le passé, non, je regarde ce que je suis pour avancer
vers ce que je veux être !
Comme toujours, vous pouvez faire
part de votre avis en commentaire tout en conservant respect et correction.
J'apprécie de lire les différents points de vue, de les analyser pour les
comprendre. Vos réactions n’intéressent.
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